Alexis est né à Blue Lagoon, en France. Un joli coin : océan, bouffe, filles…tout ce qu'il faut pour qu'un homme puisse vivre, en soi. Son enfance fut calme. Vivant sous la tutelle de parents aimants, qui avaient malheureusement tendance à céder à tous ses petits caprices d'enfant, il n'avait pas de quoi se plaindre. Ce qui réussit à faire freiner la frénésie capricieuse du gamin fut sans doute son tempérament casse-cou. Toujours à vouloir bouger, qu'importe le moment (le médecin, lorsqu'il fut opéré pour l'appendicite, s'en souvient). Dès son plus jeune âge il monta sur un voilier et passait ses mercredis entiers à naviguer sur son petit -- dans l'espoir, un jour, de pouvoir marcher sur les pas d'un grand navigateur. Mais ça, c'était au début. Car il découvrit quelque chose d'aussi amusant : l'informatique. Tout commença avec une espèce de boîte grise qu'on avait ramené du travail de son père. Si vous lui demandez quel souvenir l'aura le plus marqué dans sa vie, il vous répondra : "la chanson du modem…".

À ses huit ans, sa grand-mère décéda. Il en fut terriblement attristé, comme tout gosse qui rencontrerait la mort pour la première fois. Alors tous ces visages tordus par la souffrance qu'il voyait à la télévision furent directement assimilés à ce terrible événement, qui avait fait pleurer son père pour la première fois devant lui. Dans les bras de sa mère, un nourrisson. C'était son frère, Joshua, qui était né un an plus tôt. Alexis attendait avec curiosité que cette petite chose grandisse, car pour le moment, l'enfant n'arrêtait pas de rabâcher qu'il avait été « arnaqué » (oui, déjà jeune, il avait ce genre de pensées…). Toujours un œil sur son frangin, ils ne se quittèrent plus dès lors où l'enfant commença à marcher et à être autonome naturellement parlant.

Lorsque la nouvelle de la mutation de leur père tomba, Alexis fit une gueule mémorable. Comment quitter ce nid douillet pour une agglomération où l'air y est irrespirable ? Telle est la question. Malgré ses crises d'adolescent, et les pleurs du plus jeune qui n'y comprenait absolument rien sauf qu'ils allaient partir très loin, la famille Kermarrec s'installa à Paris, 15ème arrondissement. Pour son douzième anniversaire, on lui offrit un ordinateur. N'arrivant pas à s'intégrer dans l'établissement scolaire où il se trouvait, il passait ses nuits, parfois ses journées lorsqu'il décidait de sécher les cours, devant son écran. La simple passion de l'utilisation fut vite remplacée par celle des combinaisons. Ses premières expériences de piratages furent les plus jouissives - pardonnez-moi l'expression. Rapidement, ses activités se firent savoir de ses camarades, qui lui demandèrent des services. Il accepta et, au fur et à mesure que les commandes s'accumulaient, il se faisait payer. Cet argent de poche lui permit d'acheter un ordinateur plus performant, tout du moins, les pièces détachées qu'il monta lui-même par la suite.

Mais il finit par se faire prendre. Non pas par la police, mais par le proviseur. En effet, après avoir piraté le système de sécurité du collège, il avait fait déclencher l'alerte incendie dans les vestiaires des filles, qui, sous les jets d'eaux, durent se réfugier ailleurs…sous les yeux moqueurs des garçons, évidemment. Des langues bien pendues finirent par le dénoncer. On lui remonta considérablement les bretelles et fut privé d'ordinateur…la pire chose qui soit pour Alexis, notez. Ses notes étaient exécrables, son taux d'absentéisme était à s'en arracher les cheveux, autant dire qu'il n'avait aucune chance de réussir dans la vie. Cependant le conseiller d'éducation du collège réussit à lui fixer un objectif : faire des études en informatique.

Progressivement Alexis se mit à changer. Bien que toujours amusé par ses pirateries diverses et variées, il avait trouvé un but, qui lui permettrait non pas de stagner mais d'avancer dans la vie. Il décrocha le bac avec mention Bien et postula pour une école aux Etats-Unis, son niveau d'anglais étant valable. Quelques mois plus tard il reçut une réponse positive. Le garçon prit son envol vers les USA, avec un direct High Tower-Empire City avec changement pour se rendre sur la côte ouest, fief des nouvelles technologies. Autant dire le paradis. Ses études se passèrent merveilleusement bien. Tellement abasourdis par le changement, ses parents vinrent le rejoindre et s'installèrent à San Francisco dans le quartier français.

Diplômé, il fut amené à travailler pour divers boîtes dans le domaine. Il vaqua sur le territoire américain, faisant des arrêts d'un an ou deux à chaque endroit. Lorsqu'il se trouva au Nevada, pas plus tard qu'il y a deux ans, il fut convié à une nouvelle mission…totalement différente de ce qu'on avait pu lui demander en temps normal. Pirater le système de sécurité d'un casino : le Kennedy's Palace. Alexis avoua qu'il était incapable de pirater ce système moyennant du matériel adéquat et une rémunération digne de ce nom - au cas où il se ferait prendre, au moins, il pourra payer son droit de sortie. Mais il ne savait pas où il avait mit les pieds. Cité du vice, vous dites ? Il n'y avait même pas songé une seule seconde, sur le moment. Il parvint à soutirer de l'argent des caisses du Kennedy's Palace. Lorsqu'il rejoignit son hôtel, une semaine plus tard, il fut tabassé à mort par une bande d'armoires à glaces vêtus en smoking. Il ne prit pas la peine d'aller aux urgences et resta dans sa chambre d'hôtel blessé. Le téléphone sonna, il y répondit. C'était "eux". Ses employeurs. Ils voulaient qu'il vienne à l'heure, car ses horaires de travail étaient payés, soi-disant. Il refusa catégoriquement. Le boss le menaça de tuer ses parents et son frère. Il céda. Durant un an il continua ces affaires malsaines, parfois obligé de supporter des coups en silence, sans se rendre compte que l'argent envoyé à sa famille revenait directement à son employeur. Oui, car madame et monsieur Kermarrec n'y étaient plus domiciliés. Ils étaient morts. Mais comment pouvait-il le savoir ?

Lorsque l'explosion survint, il était dans une salle remplie de machines ultra-performantes, tentant de faire sauter les verrous d'une banque voisine. Il se réveilla dans un lit qui n'était pas le sien, avec pour seul interlocuteur le patron du Kennedy's Palace en personne.