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 « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence

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ð Jelena Dostoïevskaïa ð
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Jelena Dostoïevskaïa


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MessageSujet: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeJeu 1 Mar - 22:01

« Navrés mademoiselle, nous ne pouvons pas vous payer aujourd'hui. Les dépenses de ce genre sont bien trop élevées pour nous. Déjà que nous payons des sommes astronomiques pour payer le seul groupe électrogène encore en service…
- Ce n'est pas grave, monsieur…monsieur ?
- Brown. Mon nom est Brown.
- Oui, voilà, monsieur Brown…ce n'est pas grave…vous me paierez demain, promis ?
- Bien sûr, Jelena. »

Ce soir, elle ne mangerait pas. Ce n'était "pas grave", comme elle avait l'habitude de dire. Ses employeurs jouaient souvent à ce jeu et récupéraient, en contrepartie, une plus-value pouvant être considérée comme aberrante. Jelena était tout simplement incapable de discerner la moindre fourberie. Le bien ? le mal ? Deux entités qui lui faisaient plus penser à une marque de confiseries qu'autre chose. Elle avait difficilement souri à son patron, dont le nom lui avait échappé : il n'était pas le seul à en être victime, rassurez-vous. Le sourire niais et hypocrite de son interlocuteur la rassura autant qu'une douce parole sortant de la bouche d'une mère. Alors elle tourna les talons et commença à se dévêtir, sans éprouver le moindre complexe. L'homme quitta la pièce. Au contraire, le peu de gestes qu'elle venait de faire sonnaient comme un jeu. Dans ces vestiaires à l'allure de vieux cagibi rongé par la vermine, elle avait son propre casier. Ses affaires y étaient soigneusement entreposées malgré l'hygiène proche du seuil nul. Habits de rechanges, un pendentif, un sac à main et…un rat. Un énorme rat qui la regardait avec ses deux grands yeux pourpres. Il était en pleine séance de grignotage sur l'une de ses écharpes en soie bleue. Jelena fit la moue et se mit à parler toute seule, ou du moins, à l'animal. Ce qui lui arrivait fréquemment aussi.

« Maman, regarde ce que tu as fait… !
- J'avais trop faim, ma petite Jelena. Excuse-moi…
- C'est moi. Je t'ai laissée trop longtemps ici, sans rien à manger…viens, on va arranger ça, affirma t-elle en réceptionnant le rongeur dans ses petites mains blêmes. »

Après lui avoir rapproché l'animal de son visage, elle déposa un petit bisou sur son museau humide. Ses petites moustaches frétillèrent à ce contact tandis que le regard de la petite russe brillaient de feux imaginaires. N'ayant pu s'habiller, elle se trouvait encore en sous-vêtements. Elle s'affaissa sur le sol frais et frotta, aidée par ses ongles, les plaies qui se trouvaient sur ses cuisses. Le sang finit par faire éruption de son, ses cratères. Elle y déposa l'animal qui commença à grignoter sa chair à l'aide de ses deux dents principales. Tout en caressant du bout de ses doigts la tête du rat, elle resta à le fixer, l'air absente. C'est seulement quand une petite mare de sang commença à se former sous sa cuisse qu'elle le retira délicatement, lechouilla le bout de son museau ensanglanté en souriant. La strip-teaseuse se redressa et reposa l'animal rassasié dans son casier le temps de se rhabiller. Deux autres sœurs d'emploi entrèrent dans la petite pièce pour s'y changer elles aussi. Ces deux teignes la dévisagèrent.

« Non mais regardez qui voilà ! Miss petits nibards a fini sa nuit…
- Mate ça, elle pisse du sang comme une grosse vache…
- Ouais, le tampon n'a pas pu rentrer ! »

Jelena se retourna légèrement. Son sourire s'éteignit à la manière d'un feu en train de mourir, toujours présent, mais en disparaissant progressivement. La petite mare de sang qui était sous sa cuisse avait finit sa route sur son sous-vêtement, empourprant sa culotte. Les remarques idiotes des jalouses étaient cinglantes. Elles la torturaient. Elle ravala discrètement sa salive et retint ses larmes. Pour essayer de répliquer, elle retira son sous-vêtement tout d'hémoglobine recouvert et en mit un propre devant elles, se rendant d'autant plus ridicule. Et dire qu'une fois sur scène, Jelena se métamorphosait…et avait toute la grâce d'une plante carnivore à la souplesse d'un roseau.

Elle tenta de s'habiller rapidement mais ses mouvements ne dépassaient pas la vitesse de pointe d'une tortue. Ce qui accentua son état d'anxiété. Elle enfila son blouson molletonné, enroula son écharpe grignotée autour de son cou et coinça l'animal entre ses « petits nibards » et son manteau fermé jusqu'à ce niveau. Le rat grimpa sur son épaule et se cacha derrière sa longue chevelure. Elle ferma à clé son casier et disparut dans la nuit sauvage qui avait engloutie Casinopolis.

Twilight Suburb de nuit. Le pire cadeau qu'on puisse vous faire en ces temps difficiles. Une habituée comme la jeune Dostoïevskaïa ne devrait plus avoir de soucis, n'est-ce pas ? Le destin ne l'entendait pas de cette oreille. À vrai dire, elle était autant exposée que les autres aux dangers nocturnes. Pour ne pas dire deux fois plus, à cause de sa popularité parfois malsaine. Déambulant dans les ruelles sombres du quartier, elle avait l'intention de rejoindre Pandemonium Halo pour y passer le reste de sa nuit. Car malgré ses horaires, elle devait prendre du repos. Mais comment dormir correctement en étant secouée de terreurs nocturnes successives et incompréhensibles ? Elle finissait, par résignation, par parler à son compagnon à quatre pattes. Lui aussi avait tendance à sauter des nuits…mais c'était surtout pour essayer de « câliner » sa fille. En la mordant parfois jusqu'au sang.

Jelena, sortie des locaux, ne s'était toujours pas remise de cette apparition des jumelles diaboliques. Mais même en ayant été victime de leur sournoiserie, elle les avait déjà "pardonnées". Non. Pour dire la vérité, dès la première remarque, Jelena avait acquiescé. Parce que s'il y avait une fautive dans l'histoire, c'était bien elle, et personne d'autre. Elle méritait tout ce qui lui arrivait. Même cet événement - malheureusement - fréquent qui allait survenir ici, dans une ruelle adjacente à Pandemonium Halo. Elle tenta de ralentir le pas, car elle s'essoufflait alors qu'elle n'adoptait même pas un rythme de marche "rapide" pour son cœur.

Son anxiété se métamorphosa en un monstre capable de la consumer en moins de quelques minutes : son Altesse Angoisse.

« Maman…ils vont me rattraper, pas vrai ?, demanda t-elle à l'animal, essoufflée. »

Jelena n'eut le temps d'entendre la réponse du rat que ses forces l'abandonnèrent brutalement. Le bout de son pied droit frôla le sol au moment où elle opérait pour mettre le gauche devant l'autre. Tenue en déséquilibre, elle trébucha et s'écrasa comme une masse sur le sol, inconsciente. Son compagnon escalada les courbes de son corps pour aller se réfugier dans son sac à main entrouvert.
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ð Lawrence Warke ð
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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeJeu 8 Mar - 7:31

Vient de Arrow ici

L'homme qui venait tout juste d'échapper au Glouton de Casinopolis s'autorisa une pause, à présent suffisamment loin du danger. La nuit battait son plein, une nuit toujours plus sèche, crasseuse et obscure. Cela allait bientôt faire deux mois que Lawrence ne pouvait plus observer l'éclat fugace des étoiles. Non que l'éclairage public soit en cause (des secteurs entiers se trouvaient fréquemment plongés dans le noir pendant des heures à cause des problèmes de maintenance que connaissait la ville), la faute incombait entièrement à une couverture nuageuse opaque qui salissait la voûte céleste, grisonnant ses étendues infinies d'amas cotonneux cendrés. Le père de famille renifla brièvement, la fatigue conséquente à son sprint prolongé exigeant de son organisme toute l'oxygène disponible pour alimenter ses fibres musculaires harassées. Le mur auquel il s'adossait depuis trois minutes diffusait une fraîcheur bienvenue le long de son dos trempé de sueur, et tant pis si des affiches à moitié décollées ou si des traces d'urine le salissaient. Feue sa dernière tenue propre arborait déjà les stigmates auréolés d'une course intense, le pompier n'en était plus à une tache près. Tapant ses mains l'une contre l'autre, il expira à fond, inhala en redressant le crâne doucement, et repartit d'un bon pas en direction de son logis. Avec un semblant de chance, il s'écoulerait plus de trois heures avant qu'un nouvel incendie se déclare.

"Bah alors chérie, on fait la sieste ? "

Le timbre moqueur, débordant de sous-entendus et incontestablement masculin, força le piéton trentenaire à tourner la tête à la recherche de l'origine de la réplique. En quittant le réseau de ruelles dans lequel il s'était lancé, le chef de caserne avait, pour rejoindre la rue principale, dépassé une allée décevant Pandemonium Halo. C'est en retournant sur ses pas que Lawrence l'aperçu. Un vagabond emmitouflé dans une vieux manteau trop grand pour lui, et déchiré en deux endroits. La masse hirsute de ses cheveux sales se mêlait à une barbe courte mais drue. C'était surtout la main baladeuse qu'il tendait vers les jambes exposées d'une jeune femme inconsciente qui fit réagir le secouriste. Exploitant les préjugés des blancs envers les noirs, l'intimidant soldat du feu laissa son expression devenir dure. Les poings serrés le long de son torse, il vint à la rencontre du pervers émoustillé par tant de chair fraîche, le hélant d'une voix artificiellement grave et rauque.

"Eh ! Tu fais quoi, toi ?"

La phrase claqua dans l'air nocturne, rebondissant sur les murs fissurés et tagués de la ruelle. A l'instar d'un petit rongeur craintif prit sur le fait, l'intéressé pivota vivement les cervicales, braquant deux prunelles injectées de sang et paniquées sur la silhouette d'un individu reconnu comme dangereux. N'écoutant que son intuition et son instinct de survie, le SDF détala en baragouinant de vagues excuses, avançant les derniers événements en date comme une justification de son comportement bestial. Afin de marquer le coup et de s'assurer que le violeur en puissance ne succomberait plus de sitôt à ses envies de luxure, le sauveur inespéré de la jeune inconnu gronda à son encontre une ultime imprécation en rejetant les épaules en arrière.

"C'est ça, casse-toi ! J'veux plus te revoir, disparais ! "

Lawrence suivit la débandade gauche et tremblotante du vagabond, avant de lâcher un soupir et d'aller examiner l'inconsciente. Brune, d'une pâleur inquiétante et d'apparence frêle, le fait qu'elle se trouvât affalée sur le sol parsemé de détritus encrassant sa longue chevelure laissait penser que son corps nécessitait des soins urgents. Méthodique, le secouriste vérifia qu'aucun autre profiteur n'allait essayer de tenter sa chance, avant de s'accroupir. Les fibres de son jean s'étirèrent au maximum, allongeant les traces sombres au niveau de ses articulations. Par premier réflexe, le soldat du feu tâta le pouls de sa patiente, qui s'avéra être lent, mais stable. D'une main délicate, il prit ensuite la température de la demoiselle, un peu plus basse que la moyenne mais sans risque pour sa santé.

¤ Pas de brady ou de tachycardie, pas de fièvre... On peut écarter la piste d'une maladie. Vérifions niveau de conscience... ¤

D'un ton d'abord doux, puis graduellement de plus en plus fort, le père de famille testa la réactivité de l'inconnue, espaçant chacune de ses tentative de dix secondes au cas où le temps de réaction de l'intéressée se trouverait ralenti par de l'alcool ou de la drogue. Sentir l'haleine de la brune aurait pu constituer un diagnostic plus rapide, cependant le chef de caserne réservait cet examen pour la suite. Dans l'hypothèse où sa patiente se réveillait à son appel, la dernière chose qu'elle souhaiterait voir, c'était un afro-américain inconnu à deux centimètres de sa bouche.

" Mademoiselle ? Mademoiselle, est-ce que vous m'entendez ? Mademoiselle ? M'entendez-vous ? "

L'absence de vomissures à proximité invalidait pratiquement l'hypothèse d'un coma éthylique, toutefois, par mesure de précaution, il convenait de s'en assurer. Appuyant une main sur la paroi poussiéreuse de la face attenante, Lawrence laissait lentement son centre de gravité descendre en direction de la belle brune, se retrouvant en fin de course sur la pointe des pieds. Respectueusement, le trentenaire barbu commença à écarter les étoffes de vêtements masquant l'orifice buccale de la jeune femme, profitant de l'occasion pour rechercher des traces de lutte ou de coups au niveau du visage et des épaules. Plissant les paupières, il inclina le buste, et renifla doucement plusieurs fois, en quête d'une fragrance pouvant le mettre sur une piste exploitable.

¤ Ce n'est donc bel et bien pas un évanouissement engendré par une surconsommation d'alcool... Et l'haleine n'est pas fruitée. Un bon point. ¤

Le sportif habitant de Twilight Suburb n'avait encore jamais rencontré de personnes atteintes d'insuffisance pancréatique, cependant ses automatismes l'obligeaient à explorer ce cas de figure.

¤ Qu'est-ce que c'est que ce truc ? ¤ Peina à comprendre l'homme embaumant l'effort physique lorsque son regard croisa celui, interloqué et intimidé, d'un petit tas de poils qui avait trouvé refuge dans le sac d'une certaine citoyenne de la ville. Haussant les sourcils, le chef de caserne ne parvint pas à s'extraire de la vue du museau poisseux de sang du rongeur, n'en revenant pas.

¤ Attend attend... D'où est-ce qu'il vient, ce sang ? D'une flaque non loin, ou de la fille ? Non, c'est pas possible... Le rat aurait commencé à bouffer cette femme ? ¤ Un scénario de film d'horreur, certes, mais qui gagnait largement en crédibilité dans une cité en quarantaine et laissée à l'abandon. La vermine proliférait toujours dans les rues jonchées de détritus, autant de quatre-heures pour des charognards quadrupèdes et fouineurs. De plus, la famine touchant durement Casinopolis contraignait plus d'un citoyen à voler ou à fouiller les ordures pour se nourrir. Que les rats en soient réduits au mêmes compromis n'avait rien de bien étonnant. Le menton calé entre le pouce et l'index, Lawrence examina cette version de l'histoire sous toutes les coutures, refusant d'accepter trop vite le scénario du rat mangeur d'hommes. Il avait eu son compte d'anthropophages pour la journée... De son côté, le rongeur barbouillé de sang décida de tenter sa chance hors du sac. Reniflant en permanence ses alentours pour anticiper sur le moindre danger, la petite bête dandina à pas comptés vers l'extérieure, escaladant le corps inanimée de la jeune femme. Par réflexe, la scène fit réagir le secouriste, qui poussa un cri de surprise, avant d'expédier une gifle à la bestiole, croyant l'assommer ou tout du moins l'éloigner pour longtemps.

" Eh là ! Ouste, dég... Ouille "

¤ Mais c'est qu'il mord, l'animal ! Ah la vache ! Comment de si petits crocs peuvent faire aussi mal ? ¤ Rouspéta le père de famille repoussé en agitant son index, qu'il se refusait à suçoter. Les rats pouvaient transmettre des tas de maladies, la dernière chose à faire était de sucer une plaie causée par une morsure. Refroidi, le soldat du feu attendit de voir ce qu'il allait advenir, préférant risquer ses autres doigts uniquement si la situation l'exigeait. Or, loin de boulotter la jeune brune, le quadrupède à queue glabre vint amoureusement se lover sur la poitrine faiblement animée de cette dernière, remuant de la truffe comme pour psalmodier une incantation vaudou.

¤ C'est pas le rat non plus... Ou alors, il s'est déjà rempli l'estomac, et veut maintenant digérer en paix. Digérer... ¤ L'inconnue avait le visage pâle, un pouls bas, et des traits fins. Ses jambes délicates semblaient tout juste pouvoir supporter le poids de son squelette, et comme Lawrence se l'était fait remarqué un peu plus tôt, la famine faisait rage, dans le Twilight Suburb. Une perte de connaissance due à une hypoglycémie prolongée collait, d'autant qu'on pouvait facilement la vérifier. Il suffisait de fournir de la nourriture à la demoiselle lorsqu'elle se réveillerait. Si les couleurs lui revenaient, bingo ! Le pompier aura tiré une belle plante des griffes du coma. Sinon... Il restait les urgences, mieux équipées pour trouver ce qui clochait. Seulement pour nourrir la belle au bois dormant, le chef de caserne allait devoir l'amener chez lui, donc la transporter. Le trajet ne durerait pas plus d'une dizaine de minutes, cependant le secouriste avait dans l'idée que le rat-gardien ne le laisserait pas approcher. Et comme le trentenaire ne savait pas faire léviter un corps par la pensée, il ne lui restait qu'une seule option. Un peu délirante, mais qui méritait d'être testée. Accroupi, il s'adressa au rat (et se sentit déjà ridicule), ouvrant les mains, paumes dirigées vers le ciel nocturne. D'un ton amical, il négocia en termes simples :

" Heu... Bon, écoutes mon p'tit gars, j'ai bien pigé que tu ne voulais pas que je touche à ta copine. Seulement là, elle est vraiment mal en point, et pourrait même y rester si on ne l'aide pas. Moi, je peux peut-être la soigner, mais ça implique que je la transporte jusqu'à mon habitation. Alors j'te propose un deal : tu me laisses porter cette fille en sûreté, et j'te filerai du fromage. Ça te va ?"

Confondant rat et souris pour ce qui était des goûts culinaires, le médiateur inexpérimenté étudia la frimousse agité de mouvements nerveux du rongeur une longue minute, ne sachant pas trop comment décrypter la réponse de son interlocuteur. Ce dernier manifesta finalement son accord en allant se ranger dans le sac à main traînant non loin, et que le pompier ramassa en premier. Ensuite, d'un mouvement fluidifié par des années de pratique, il positionna sa patiente inconsciente dans ses bras puissants, et tenta de la soulever du sol. La facilité avec laquelle il réussit cette tâche étaya la théorie d'un évanouissement causé par la sous-nutrition. Après avoir ajusté la répartition des charges entre ses membres, Lawrence commença à marcher d'un pas lent vers son logis, souhaitant de tout cœur que le rat ne décide pas soudainement de lui sauter dessus pour lui mordiller le nez.
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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeVen 9 Mar - 6:54

La terre sous ses pied était boueuse, pour ainsi dire, elle pataugeait dedans comme l'aurait fait un serf du Moyen-Âge à la saison des pluies. Impossible d'avancer plus vite, la cadence ne la dérangeait pas en soi, puisque c'était exactement la même vitesse qu'elle adoptait réellement. La seule différence étant qu'ici, elle s'en rendit compte via ses entraves naturelles, manquant de tomber à chaque pas qu'elle croyait mal placé. Ce qui la rendait incroyablement mal à l'aise. Elle avait l'impression qu'une assemblée d'yeux la scrutaient sournoisement, patientant en l'attente d'une chute. Ce qui n'allait décidément pas arriver. Elle renifla l'air comprimé dans cet espace chimérique. Des personnes se mirent à marcher dans sa direction. Mais aussi de derrière, la bousculant dans leur promenade d'aliénés. Les éviter était chose impossible, elle se tordait, les jambes toujours entravées, souffrant toujours autant de leur présence, mais aussi de ces frôlements qui l'irritaient au plus profond de son être.

Alors que la cadence se faisait de plus en plus soutenue, elle se recroquevilla sur elle-même, ses ongles s'incrustant dans la chair de ses bras. Le fond sonore était agrémenté d'hurlements stridents, caractéristiques des nourrissons, atroce mélodie qu'elle accompagna de gémissements inutiles. Ses cordes vocales ne produisaient pas le moindre son, comme si une plaque de métal avait été fourrée dans son œsophage pour éviter un tel désir. Elle tentait d'appeler sa mère, en vain. Des larmes l'aveuglaient, des hommes la poussaient, l'éraflaient violemment. Jelena ravala sa salive et se frotta les yeux, tentant de discerner quelques traits. Au delà de quelques « mètres », l'obscur était maître. Ce n'est qu'à ce moment-là que le décor commença à se constituer, nourrit des terreurs endormies de la belle.

*Mais qu'est-ce…que…*, crut-elle dire, mais ce ne fut que de brèves pensées qui se mélangeaient à cette scène atroce.

De cette boue où elle trempait jusqu'aux genoux s'éleva une silhouette ample, dont elle ne parvenait à distinguer les traits. La jeune fille avait peur, affreusement peur. Des frissons parcoururent son échine, ses membres eux furent frappés par des convulsions irrégulières mais légères. Elle ne vit qu'une énorme main se profiler en face d'elle, ornée d'ongles crochus. Cet être sentait la charogne, le mal, ce qui lui donna un haut le cœur. La gigantesque silhouette se mit à genoux et rampa jusqu'à elle, qui tenta de s'en aller, vainement. Jelena ne parvenait même pas à se dire qu'elle n'était pas dans la réalité. Les émotions qui lui gonflaient la poitrine étaient bien trop proches de celles qu'elle côtoyaient dans la vie. La Chose fonça contre son ventre, à la manière d'un bélier moyenâgeux, tentant de briser le pont levis refermé comme une huître. Une, deux, puis trois fois. Et elle se stabilisa. La Chose ne bougeait plus, mais elle la sentait comme si elle faisait partie intégrante de son corps. Ce n'était guère agréable. Le visage de Jelena s'inclina progressivement vers son ventre, ou plutôt, le chef de la Chose. Elle le découvrit en train de dévorer ses entrailles, engloutissant à pleine bouche tout ce qui pouvait lui être alléchant. Instinctivement, sa main se posa sur le haut de cette tête boueuse qui lui grignotait les viscères.

*Arrête ça, arrête ; je veux sortir, tu pourras manger plus tard…je te donnerais à manger, c'est promis…*

Elle tentait de le convaincre d'arrêter. La jeune femme voulait se préserver d'une certaine manière face à cette horrible bestiole qui la voulait elle et personne d'autre. Ses larmes persistèrent sur ses joues fraîches, tandis qu'elle empoignait cette tête qui avait bien trop de force pour qu'elle puisse s'en défaire seule.

*ARRÊTE !*

_____
___________

Le réveil fut brutal. Elle s'accrocha, telle une naufragée à sa bouée de sauvetage, à l'homme qui la portait. Dès lors où elle ouvrit les yeux, découvrant le clair de ses iris, elle tâtonna nerveusement le cou de la personne, frôlant le molleton de son cuir. Jelena, dans son délire post-malaise, avait l'impression de voler. Où était-elle ? Que faisait-elle, là, à planer au dessus du bitume comme un oiseau ? Elle n'en savait rien. Ce qui ne l'empêcha pas de s'accrocher plus fermement à l'individu, pensant que le vertige n'allait pas passer de si tôt.

« Je suis…je suis un oiseau ? », marmonna t-elle dans sa barbe, tentant de se rassurer elle-même.

Où était la réalité ? Où était la fantasmagorie de ses chimères déjà oubliées ? Était-ce lui, la Chose, cette immense masse maculée de boue fraîche qui avait voulu se nourrir de ses organes vitaux ? Malgré cette nervosité qui la caractérisait à cet instant précis, ses mouvements restaient lents, indécis. Ce n'est qu'après un léger moment de réflexion - oui, ça arrive parfois - qu'elle leva le nez en l'air, rencontrant le menton sombre de ce qui se trouvait être un homme. Son souffle frais, rythmant sa marche, chatouillait le haut de son crâne. Visiblement la terre avait cessée de bouger, elle lévitait.

Ses mains moites et gelée par cette nuit frigorifique cherchèrent son visage, seule chose qu'elle pouvait atteindre à la vue de sa position actuelle.

« Monsieur ? Qu'est-ce qui se passe ? Vous êtes tout essoufflé. »

La logique ne semblait pas baigner son âme. Sa tête était restée lourdement posée dans le creux de son épaule, laissant uniquement ses yeux faire le voyage nécessaire. L'état de l'inconnu l'inquiétait étrangement, alors qu'en réalité, c'était bel et bien elle qui avait besoin de soins, ou du moins, de nourriture pour satisfaire cette faim viscérale qui lui tordait le ventre depuis quelques jours. D'autant que le sang qu'elle avait perdu pour nourrir sa « maman » n'avait pas été là pour lui donner plus de forces, bien au contraire. Elle chercha des yeux le rat, changeant brutalement d'expression faciale. Les larmes avec lesquelles elle avait faillit se noyer dans son cauchemar avait finit par faire surface dans ce monde-ci. Morte d'inquiétude, elle était. Gorge nouée, ses mains se replacèrent sur son corps. C'est alors que son visage s'illumina, lorsqu'une petite bestiole pleine de poils et à la longue queue rose sortit de son sac.

« Maman ! Je savais que tu ne m'avais pas abandonnée !, s'exclama t-elle, sans faire attention aux personnes qui pouvaient déambuler dans le secteur.
- Ma petite chérie !, crut-elle entendre dans le couinement de l'animal. »

Le rongeur escalada sa poitrine pour se loger près de son cou, couinant de bonheur lorsqu'elle commença à lui gratouiller la tête avec le bout de son doigt squelettique. Son attention revint directement se coincer sur « celui qui volait dans les cieux ». Salive discrètement avalée, un regard inoffensif perdu dans le regard de l'homme, elle s'interrogea de nouveau sur son état, mais ô grand jamais à sa présence ici. À croire que sa crise lui était passé totalement au dessus, ou alors, qu'elle n'avait pas eu lieu du tout. Ça avait été, dirons nous, le « black hole ».

« Vous êtes sûr que ça va ? Vous voulez un câlin ?, dit-elle naïvement mais le plus sincèrement du monde. »

Mais alors, elle se mit à tousser, l'empêchant de respirer convenablement. Grimaçant sous la douleur que lui procurait cet effort involontaire, cette toux finit par se calmer temporairement, la rendant aussi silencieuse qu'un meuble auprès d'une cheminée. Sa tête se reposa contre lui, l'air légumifiée par les événements. Son enthousiasme avait vite été substitué à la passivité dont elle était malheureusement victime.
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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeDim 18 Mar - 5:52

Plusieurs visages interloqués dévisagèrent le pompier afro-américain alors que ce dernier faisait route en direction des résidences rafistolées de Twilight Suburb. En majorité, un mélange à part égales de compassion et de méfiance lui furent exposées, les deux thèses d'un sauvetage volontaire ou d'un enlèvement réussi ne pouvant se départager dans la plupart des esprits. Le citoyen lambda levait les yeux, distinguait un Noir au épaules solides et à la mine fermée portant sans efforts apparents une jolie jeune femme au physique attrayant, puis stoppait pour quelques secondes son activité (la nuit, celle-ci était bien souvent la fouille des poubelles). On se posait des questions, on discutait à voix basse avec son voisin pour sonder l'avis de celui-ci, puis, avec un haussement d'épaules équivoque, on se souvenait que connaître le fin mot de l'histoire n'avait plus d'importance. Et c'est probablement grâce à cette apathie générale, cette indifférence anesthésiée typique d'un après-cataclysme, que Lawrence put marcher tranquillement, sans avoir à justifier le fait qu'il transportait une inconnue chez lui. Les gens ne se préoccupait plus que de ce qui était de nature à améliorer leur sort. La fraternité, déjà grande absente de Casinopolis, dépérissait depuis que la ville se trouvait en quarantaine.

¤ Je me demande ce qu'il serait advenu de cette jeune femme si je ne l'avais pas trouvée... ¤ Envisagea sombrement le soldat du feu en assistant de loin à une scène de vol à la tire.

Une jeune désespérée s'était précipitée sur deux hommes occupés à rassembler les pièces réutilisables d'une voiture, laissant sans surveillance un sac de papier au contenu incertain. Qu'il recela des vivres, des vêtements ou encore des pièces détachés, cela attira la convoitise d'une tire-laine au crâne recouvert par un bonnet troué. Agile et vive comme un serpent, la voleuse emporta avec elle le sac, récoltant au passage des insultes à son encontre de la part des deux ferrailleurs. Ils criaient toujours des mots emplis de violence lorsque le père de famille parvint à leur niveau, changeant de trottoir pour les dépasser. La prudence exigeait de ne pas mettre sous le nez de deux hommes en colère et ayant récemment subis une injustice une demoiselle inconsciente tenue par un inconnu dont le portrait cadrait avec l'idée que l'on se faisait de la brute sexuellement violente. A tous les coups, désireux d'éviter à une belle brune de connaître le même sort qu'eux, les deux mâles se seraient dépêchés d'attaquer Lawrence, croyant à tort éviter à une innocente victime des sévices.


¤ En ce moment, on se sentirait presque revenu au dix-huitième siècle, à l'âge d'or de la traite des Noirs... ¤

Le secouriste n'en voulait à personne sécialement, et ne nourrissait aucune rancœur à l'encontre des sinistrés. La perte d'un foyer, de proches ou de biens affligeaient l'homme d'une tourmente rare, et à laquelle il n'était jamais préparé. Un tel traumatisme faisait souvent ressortir ce qu'il y avait de pire en la nature humaine. Avarice, luxure, colère... Les maux usuels des fils d'Adam et Eve, que l'on intériorisait au quotidien au prix de moindres efforts. Exacerbés par l'explosion de la Métasphère, l'ensemble de ces défauts subissaient une mise en relief globale, comme s'ils cherchaient à quitter la boîte dans laquelle on les emprisonnaient normalement.
Sa patiente grogna et marmonna, dodelinant mollement de la tête. Prêtant l'oreille aux propos de la jeune femme, le chef de caserne ne distingua aucun mot clairement articulé. La faible litanie de l'inconnue se composait surtout de grondements et de soupirs de détresse. Les mains prises, Lawrence ne sut quoi faire pour rassurer sa protégée, mis à part l'apaiser en murmurant d'un ton confiant et amical :


« Tout va bien. Vous êtes en sécurité. Shhhhhhh.... »

Le trottoir en mauvais état se révéla peu à peu traite, à mesure qu'il laissait derrière lui les artères principales et commerçantes pour s'orienter vers les zones résidentiels de l'Est de la ville, déjà à l'abandon avant les récents événements. L’œil exercé du soldat du feu ne s'arrêta pas sur les portes arrachées de leurs gonds, ou sur les silhouettes humanoïdes allongées à même le sol, tâchant de récupérer un peu de sommeil avant le point du jour et une nouvelle journée de misère. Ses pas le portèrent le long de bâtisses aux fenêtres condamnées et aux revêtements noircis par la crasse. Les sources de lumière, principalement des feux alimentés de décombres, diffusaient les ombres allongées de résidents préférant se fier aux flammes qu'aux ampoules pour dissiper les ténèbres de la nuit.
Une soudaine pression autour de la nuque du père de famille avertit ce dernier que son invitée venait d'émerger des limbes de l'inconscience. Le regard scrutateur, il fouilla sur le visage désorienté de la belle, dont le gris perlé renforçait la mélancolie, des indices l'aidant à comprendre pourquoi cette dernière avait fait un malaise. Ce fut une voix fébrile, mal à l'aise et interrogative qui brisa le silence établit de longue date entre les deux adultes. Sa question indiqua au secouriste qu'elle n'avait pas totalement récupéré, s'il devait s'en tenir au fait que l'ingénue se figurait voler.


¤ Au moins, ce n'était pas un coma... ¤ Positiva le trentenaire aux menton orné d'une barbe, qui constata l'absence de troubles du langage indiquant un Accident Vasculaire Cérébral.

De fines et délicates mains à la fraîcheur alarmante vinrent se mettre au contact de la peau tiède et rugueuse du pompier, faisant frissonner l'afro-américain qui reporta son attention sur la chaussée juste au moment où un obstacle manqua de l'expédier au sol. Levant la jambe
in extremis, Lawrence s'évita une lourde chute aggravé par la perspective d'écraser une inconnue mal en point. Soufflant à fond, l'homme remarqua enfin que ses muscles commençaient à donner des signes de faiblesses, exigeant toujours plus d'oxygène, le forçant à accélérer sa ventilation et à respirer par la bouche. Visiblement inquiète pour lui, sa passagère s'enquit de son état, une crainte qu'il apaisa en dévoilant sa dentition d'un sourire rassurant. Choisissant avec soin le moment où il parlerait pour ne pas se couper la respiration, le chef de caserne temporisa d'un timbre professionnel :

« Ne vous en faites pas pour moi, je vais bien. Est-ce que vous pouvez me donner votre nom ? » Tenta à tout hasard le soldat du feu en amenant sa question sur le tapis avec négligence et légèreté.

Mais toute à ses rêveries, la belle ne lui répondit pas. Plus préoccupant, ses traits s’affaissèrent, accentuant encore un peu plus le creux famélique de ses joues et la pâleur mortelle de son teint. Les lèvres plissées en un rictus d'inquiétude muette, la yeux de la brune s'ourlèrent de larmes, opacifiant ses prunelles claires d'un voile de tristesse infini.


« Qu'y-a-t'il ? Est-ce que vous avez mal quelque-part ? Dites-moi ce qui ne va pas. » Réagit aussitôt le bénévole d'un ton pressé.

¤ Elle ne me regarde même pas quand je m'adresse à elle. C'est une désorientation typique d'un après-malaise... ¤ Estima l'afro-américain tandis que les désagréables mains glacées cessèrent de lui frigorifier les joues pour venir se placer en un mouvement intuitif de protection devant le visage de la jeune femme perturbée.

Ralenti dans son avancée par le réveil de sa patiente, Lawrence n'avait effectué que quelques pas incertains depuis qu'il avait pénétré son quartier. Considérant que la situation dégénérait, son allure s'en ressentit à la hausse. Obligeant ses iris à se braquer vers l'horizon, l'habitant de Twilight Suburb ignora les nombreux autres résidents qui le saluèrent d'un sourire ou d'un geste de la main.
Juste après l'explosion, tout un chacun s'était enfermé chez soi, barricadant portes et fenêtres pour se prémunir des pillages et des rapts. Puis, le prolongement du chaos aidant, il ne resta bientôt plus une habitation de l'Est de Casinopolis qui n'ait été mise à sac. Les voleurs se volaient, certains propriétaires risquaient beaucoup pour simplement récupérer leurs biens en détroussant les pilleurs de fortune, et seul le rapport de force empêcha la situation de péricliter en un cercle sans fin de larcins. Depuis, plus aucune porte n'était verrouillée, tout verrou attirant la convoitise et amenant celui-ci à être forcé dans les heures à venir. On installait parfois de simples rideaux pour assurer un minimum d'intimités aux habitants, qui n'avaient ni le moyen ni l'envie d'acheter une nouvelle porte. D'ailleurs, acheter n'était plus tout à fait un mot à la mode. On parlait d'échanges de services, de troc, et uniquement pour acquérir des objets utiles. L'intérêt de se doter d'une porte qui finirait morcelée était anecdotique, tout comme celui de déployer l'ingéniosité suffisante pour s'équiper d'une serrure. On avait désormais recours aux cachettes pour protéger le peu de biens que l'on possédait, méthode gratuite et à portée de main pour stocker de la nourriture.


« Maman ! Je savais que tu ne m'avais pas abandonnée ! » Fit le timbre de la jeune femme agréablement ensoleillé de joie, qui n'aurait pas paru si dérangeant à Lawrence si ils n'avaient pas été seuls, tous les deux.

¤ Elle hallucine ? Aïe, pas bon du tout, ça... On n'hallucine pas quand on est en hypoglycémie. C'est peut-être plus sérieux que je ne l'imaginais... ¤ Redouta le pompier en examinant furtivement la malade, qui semblait s'adresser à l'épaule de son porteur, jusqu'à ce que celui-ci remarque le museau du rongeur qu'abritait le sac de la demoiselle.

A demi-rassuré, le soldat du feu considéra tout de même que nommer "Maman" un animal de compagnie constituait un étrange choix. Surveillant l'avancée du rongeur qui s'élança dans l'ascension de maîtresse adorée, escaladant les vêtements de cette dernière tel un bondissant chamois aux pieds sûrs dévalant le flanc d'une montagne. Souriant d'une manière un peu bourrue en plissant la bouche sur la droite, le témoin de cette petite scène de liesse estima que ce qui ravivait l'éclat du teint de sa patiente ne pouvait qu'être bénéfique, fusse-t-il une boule de poils affamée et carnivore. Les bras fourmillants à force d'être bloqués en flexion, le père de famille repéra l'antenne télé familière de sa maison, dont les fourches tordues lui évoquaient invariablement une main difforme tentant d'agripper les nuages. De nuit, la pénombre conférait à cette excroissance métallique un aura inquiétant, de ceux que l'on obtient en n'allumant pas de lampe lorsqu'on se promène le soir dans un cimetière.
Moins préoccupé par l'état de la demoiselle, qui caressait tranquillement son compagnon à quatre pattes, Lawrence put rendre leur salut à ceux de ses voisins qu'il rencontra, lesquels eurent la gentillesse de ne poser aucune question. Savoir que le pompier n'était pas un détraqué en manque de stupre suffit à les convaincre que personne n'allait se faire violer dans la demeure Warke. Cette confiance réchauffa la poitrine fatiguée du trentenaire, qui inclina la tête pour annoncer à son invitée que leur route touchait à son terme. Mais lorsque leurs yeux se croisèrent, c'est la voix de la belle brune qui se fit entendre, toujours aussi insolite dans ses préoccupations.


« Vous êtes sûr que ça va ? Vous voulez un câlin ? »

- Heu... C'est bien aimable de votre part, mais je crois que...

Le secouriste s'interrompit en entendant une toux sèche démarrer dans la gorge de son interlocutrice un peu éthérée. Par réflexe, il se prépara à poser l'inconnue au sol pour l'aider à respirer, mais cette dernière recouvra graduellement son souffle.

Usée et en état de faiblesse, la demoiselle parut se plonger dans ses rêveries en se calant confortablement contre le torse de son protecteur, qui l'emmena passer le pas de sa porte, une cloison pivotante qu'une aimable connaissance lui avait installée. Les cloisons mobiles présentaient l'avantage de couper du vent l'intérieur de la maison, tout en empêchant aucunement un visiteur non-souhaité d'entrer (donc ne suscitait pas la convoitise) et, pour peu que l'on entretienne les charnières, même un enfant en bas âge pouvait ouvrir la porte. Celle de Lawrence était d'un bleu métallique atténué par les frottements, et renvoyait à la teinte bleu nuit des volets de l'habitation. Ces derniers, arrachés et brûlés depuis longtemps, avait laissé une marque visible à hauteur des fenêtres obstruées par des planches de bois épais.

En s'aidant de son bassin, le soldat du feu ouvrit la voie vers son séjour, ne pouvant refermer derrière lui pour l'instant. Parant au plus pressé, il se dirigea d'emblée sur sa gauche, là où son salon se situait, pour y déposer en douceur une jouvencelle affamée, son sac à main et son rat sur son canapé. Ledit canapé, recouvert d'un drap ocre et de coussins de tailles et de formes variables, était le fruit d'une récupération faite par le chef de caserne. Plus moelleux qu'il n'en avait l'air, on pouvait s'y endormir facilement ou y asseoir trois personnes. L'unique défaut de ce canapé était la senteur persistante de cigarette qui en émanait. Une main sur l'épaule menue de la brune, l'hôte expliqua doucement :


« Ne bougez pas d'ici. Vous avez eu une perte de connaissance consécutive à une hypoglycémie prolongée. Je vous ai transportée jusque chez moi afin que vous puissiez reprendre des forces. Attendez que je revienne, et ne paniquez pas : je suis pompier. Je sais ce que je fais. »

Après un dernier regard pour s'assurer qu'elle ne se sentait pas comme une mouche prise dans la toile d'une imposante araignée, le trentenaire laissa sa patiente dans son salon. Moins poussiéreux que le dehors, plus chaud, moins humide et sentant moins mauvais, cette pièce ne contenait plus, après la flambée de vols avec effractions qui avait déferlée sur Casinopolis, qu'un tas de vieux livres (ceux trop peu volumineux pour être intéressants à brûler, et trop vieux pour qu'on en veuille), trois tabourets (de récupération, donc aux teintes criardes, en mauvais état, et bancals), une cheminée qui fonctionnait en permanence (les combustibles dépendaient de ce que les habitants du quartier dénichaient durant leurs fouilles), un demi-miroir, et quelques œuvres d'art démodées utilisées pour meubler l'espace.
La propriété des Warkes abritait régulièrement un ou plusieurs réfugiés, les résidents de Twilight Suburb partageant toutes leurs ressources à l'échelle d'un coin de rue. Créer une gigantesque coopérative dans tout l'Est de la ville requérant trop d'organisation et de discipline, chacun s'était par la force des choses créé un réseau de voisins avec qui il co-vivait. Cette structure de micro-systèmes fonctionnait plus ou moins bien, ceux n'ayant pas la chance d'avoir de voisins partageurs finissant invariablement sur le trottoir, et miséreux ; toutefois, dans les circonstances actuelles, et puisque les riches de Casinopolis ne se sentaient pas d'une âme charitable, meilleure stratégie n'avait pas encore été développée.

En refermant sa porte, Lawrence vérifia mentalement qu'il n'hébergeait personne, en ce moment. Tout en accomplissant cette tâche, il entra dans sa réserve, dé-scella une des dalles de la petite pièce et examina l'état de ses réserves. Plusieurs bouteilles d'eau minérale, des conserves, uniquement des denrées périssables... Son choix de menu se porta sur une brique de jus de fruits (une rareté qu'un commerçant lui avait offert en remerciement d'un sauvetage, deux jours plus tôt), deux boîte de raviolis (portions individuelles) et deux sachets de raisins secs. Ses denrées dans les bras, il retourna auprès de la brune, savourant le retour au calme.


« Tenez ! Dit-il en offrant un sachet à son invitée, et en l'aidant à boire quelques gorgées de jus de fruits, avant de laisser la brique entre les mains de la demoiselle. Les verres n'étaient plus utilisés que dans les bars de la ville, et encore, surtout pour surveiller qui consommait quoi. Commencez par manger ça, le temps que je réchauffe les raviolis. » D'une main experte, le soldat du feu ouvrit les deux boîtes, qu'il installa sur une grille suspendue au-dessus des flammes.

Le salon se trouvait éclairé par plusieurs petites ampoules, preuve qu'il y avait, pour le moment, de l'électricité. Mais passé la quinzième coupure de la journée, on finissait invariablement par se fier aux flammes pour cuire les aliments. Les moyens modernes constituaient un plus appréciable, mais dont vous deviez pouvoir vous passer à tout moment. Four, micro-ondes, lave-vaisselle, l’électroménager avait été relégué au rang de ferraille inutile à Casinopolis, sauf pour les membres du Syndicat, qui pouvaient se permettre d'en faire un usage régulier.
En se frappant le front, Lawrence remarqua qu'il avait oublié d'emmener des couverts. Délaissant la demoiselle quelques secondes, il farfouilla dans sa réserve, et revint avec deux fourchettes en plastique. Soupirant d'aise, il s'assit finalement sur le plus stable des tabourets, positionnée face à l'inconnue aux yeux gris. Déchirant l'emballage de plastique, il piocha une poignée de raisins secs, qu'il enfourna d'un coup, avant d'entamer la conversation, la bouche à moitié pleine.


« J'pense que commencer par me présenter ne s'rait pas du luxe... Mon nom, c'est Lawrence Warke, et comme je vous l'ai dit, je travaille à la caserne de Twilight Suburb. Il déglutit, avalant les fruits, et jeta un coup d’œil à la cuisson des conserves. En évitant de se brûler les doigts, il retira du feu les raviolis, qu'il posa à même le sol dallé de son salon, insérant dans chaque conserve une fourchette. Vous ferez bien attention, c'est très chaud. Quand je vous ai trouvé, près de Pandemonium Halo, vous étiez inconsciente. Peut-être me suis-je mêlé de ce qui ne me regardait pas, mais j'ai préféré vous ramener ici plutôt que de vous laisser, gisante sur le trottoir... Je ne vous oblige pas à rester ou à me raconter votre vie, mais mangez, au moins. Que vos jambes puissent vous porter jusqu'à chez vous. Plantant son regard dans les yeux de la belle, le père de famille ne put s'empêcher d'insister d'une voix grave. Il y a des gens peu recommandables qui rôdent, la nuit, mademoiselle. Surtout depuis l'explosion. J'ai eu l'occasion d'admirer de très près ce qu'ils appellent un "Porteur", un être humain qui se trouvait dans le rayon de la bombe, et qui y a survécu, gagnant du même coup des capacités inédites. Croyez-moi, vous ne voudriez pas en rencontrer un dans une ruelle. »

Le chef de caserne n'avait pas voulu paraître aussi menaçant, mais le souvenir très prégnant de Glouton le hantait trop. Il lui était tout bonnement impossible de faire abstraction de la Peur qui s'était emparée de lui lorsqu'il avait vu cet individu au physique de colosse parler de manger des humains. Au sens strict du terme. De la fourchette, l'afro-américain homogénéisa sa conserve, soufflant dessus pour la refroidir. Sans en avoir l'air, il épiait la jeune femme, vérifiant qu'elle ne nécessitait pas de soins médicaux et que l'ensemble de ses symptômes s'expliquaient par une banale malnutrition.
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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeSam 31 Mar - 4:01

Déposée comme un oisillon dans son nid, elle ne creusa même pas un fossé visible sur le canapé comme aurait pu le faire une personne normalement constituée. Non, au lieu de cela, on crut à la rudesse du canapé alors qu'il en était tout autre. Incapable de se comporter véritablement courtoisement, elle avait laissé l'arrière de son crâne reposer contre la tête du sofa. Seuls ses yeux daignaient suivre les mouvements du pompier, dont la main s'arrêta sur son épaule frêle et osseuse.

« Ne bougez pas d'ici. Vous avez eu une perte de connaissance consécutive à une hypoglycémie prolongée. Je vous ai transportée jusque chez moi afin que vous puissiez reprendre des forces. Attendez que je revienne, et ne paniquez pas : je suis pompier. Je sais ce que je fais. »

Ce fut sans doute sa déception de ne pas avoir été en train de voler dans le ciel qui la rendit amorphe. Fort heureusement l'animal qui s'était réfugié dans son corsage sut la rassurer par sa présence. Elle n'était pas complètement « partie ». Ce contact la fit frémir. Il avait la main brûlante, comme s'il allait lui insuffler un jet ardent pour la consumer. Ce n'était qu'une simple impression mariée au contact avec les hommes qui restait très controversés - ou distants, tout dépendait du moment. La seule chose qu'elle parvint à faire fut d'hocher légèrement la tête, fixant l'afro-américain avec un air pensif. Jelena elle-même ne savait pas réellement si elle avait comprit le quart de ce qu'il lui avait dit. Ce n'était pas la première fois qu'elle n'y arrivait pas, se disait-elle. Pourquoi s'en inquiéter aujourd'hui ?

Pompier. Un pompier dans ce quartier délabré ? En avait-il encore l'étoffe ? C'était ce que l'homme était en train de lui prouver ici-même. Le rat chatouilla la chair de son cou avec ses petites moustaches. Elle laissa échapper un petit ricanement amusé. Elle pressa instinctivement sa main sur sa bouche suite à cela, rouge de honte. On lui avait toujours interdit de rire en public, par conséquent, elle se sentait affreusement impolie. Mais il ne l'avait pas entendue, il était parti aller chercher quelque chose pour "qu'elle puisse prendre des forces". Alors la petite russe commença à imaginer toutes ces alternatives qui pouvaient rendre à quelqu'un ses forces. Son ventre gargouilla méchamment, la harcelant pour qu'elle aille prendre quelque chose à manger.

En attendant son retour, elle regarda du coin de l'œil, sans bouger trop sa tête, chaque recoin de la pièce. Ceci ne lui rappelait rien. Mais ce logis avait tout de ce qui a de plus luxueux, à ses yeux. Son regard terne avait reprit de son éclat en l'espace de quelques instants et rejoignit la silhouette du pompier qui arriva vers elle les mains pleines.

« Tenez ! »

Elle fixa d'un œil étonné le sachet de raisin sec ainsi que la brique de jus de fruit, faisant un va et vient confus entre les deux. D'une main tremblotante, elle s'empara délicatement du sachet de raisins secs qu'elle ne parvint pas à ouvrir. Elle était prise de tellement de spasmes que ses doigts étaient incapables de tenir les deux bouts du plastique pour en découvrir les fruits secs. Jelena accueillit l'aide du père de famille naturellement lorsqu'il l'aida à boire quelques gorgées du breuvage qui s'était raréfié de façon extrême. Comme la nourriture en elle-même vous me direz. Alors qu'elle continuait à boire, il l'informa qu'il allait réchauffer les boîtes de conserves qui recelaient des portions de raviolis baignées dans la sauce tomate. Consciente qu'il n'avait pas remarqué sa difficulté à ouvrir le sachet, elle attendit qu'il soit de dos pour mettre sous le nez du rat qui commença à grignoter la matière plastifiée. Elle l'arrêta à temps et l'ouvrit. Jelena en fourra quelques uns dans sa bouche et mâchouilla timidement.

Avec le peu de force qui lui restait, elle avala le tout et redressa sa tête qui lui paraissait encore plus lourde qu'un bloc de granit. Pendant qu'elle regardait son interlocuteur, le rat fouillait par intermittence dans son sachet pour en piquer un raisin. Ce dont elle ne se rendit pas compte, piochant à l'aveuglette quelques portions et les joignant intuitivement à sa bouche.

« J'pense que commencer par me présenter ne s'rait pas du luxe… Mon nom, c'est Lawrence Warke, et comme je vous l'ai dit, je travaille à la caserne de Twilight Suburb.
- Lawrence ?, prononça t-elle d'une voix faible, je ne savais pas qu'il y avait encore des gens gentils ici. »

Le repas fut servi. Elle tenta de se redresser, pressant ses coudes contre le dos du fauteuil. Ses longs cheveux bruns, emmêlés par la riche aventure qu'elle venait de vivre, maculaient sa peau blême d'étranges serpentins. Il lui expliqua brièvement l'état des choses et la façon dont il l'a trouvée, au beau milieu d'une ruelle sombre. Dès lors où il l'invita à manger, elle piqua une ravioli avec sa fourchette en plastique, courbant l'échine de façon à atteindre la surface dallée. L'aliment fumant sembla la regarder avec un drôle d'air. Ses yeux rejoignirent ceux du pompier, installé à un petit mètre d'elle.

« Je m'appelle Jelena. Vous savez, les gens sont tous les mêmes. Je pense qu'ils sont juste perdus dans leur tête. Elle baissa les yeux, rencontrant sa ravioli. Vraiment perdus. »

Elle introduisit la fourchette dans sa bouche après avoir soufflé dessus et dégusta la ravioli comme jamais. La petite brune en avait fermé les yeux, non pas à cause de la chaleur, mais bel et bien de contentement. Le bleu de son regard fut de nouveau visible, mais on captait une pointe de tristesse.

« Vous m'avez rencontrée, moi, fit-elle, touchée par ce qu'il venait de lui dire sur les dit "porteurs". J'ai fais des choses étranges lorsque je me suis réveillée. Les hommes en blanc n'étaient plus là. »

Sans s'en rendre compte, des larmes commencèrent à inonder ses yeux, l'empêchant de voir correctement sa conserve de raviolis. Elle cligna deux-trois fois, des perles limpides s'écrasèrent sur sa jupe tandis que d'autres s'amusaient à rouler docilement sur ses joues froides. Elle continua de manger, laissant un certain silence dans la conversation. Alors, après avoir avalé le tout, elle lui souffla un petit « merci ».

« Vous habitez tout seul ? »

En temps normal un habitant de Twilight Suburb se serait replié sur lui-même, sur la défensive. On ne pouvait décidément faire confiance à personne ici, pas même à soi.
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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeLun 16 Avr - 15:19

[HRP]Y'a qu'à dire que je suis dans ma période "courte" Rolling Eyes[/HRP]

De son tabouret, Lawrence opina du chef, considérant que l'opinion de Jelena (un nom à consonance étrangère) se défendait. Et à dire vrai, une partie de lui adhérait déjà à l'état d'esprit consistant à ne pas blâmer la population de Casinopolis pour la folie dans laquelle elle sombrait. Mais après une longue journée de travail à lutter pour arracher une vie des flammes meurtrières, on perdait l'envie de pardonner au citoyen qui, prêt à tout pour survivre, menaçait égoïstement au couteau son prochain au lieu de tenter de l'aider. Les traits du soldat du feu perdirent de leur sérieux en voyant l'appétit avec lequel son invitée enfournait les raviolis dans sa bouche, et c'est en souriant à demi qu'il dégusta lui aussi son repas amplement mérité. Par-delà les murs de la maison, on entendait des coups de feu claquer dans l'air. Ces violences étaient devenues fréquentes, depuis la quarantaine, et le père de famille se surprit à ne plus sursauter en distinguant un tel étalage de sauvagerie. Quelque-part, une patrouille de police devait vainement tenter de dissuader un groupe de pillards armés de vandaliser l'une des rares pharmacies encore approvisionnées en médicaments (à moi que ce ne fusse un règlement de compte entre factions rivales).

La fourchette du trentenaire afro-américain s'arrêta à mi-parcours lorsque la jeune brune aux yeux bleus reprit la parole, mentionnant de façon très floue "des choses étranges" faites à son réveil après l'explosion. Ne sachant trop de quelle manière prendre la déclaration, le père de famille songea, tête baissé sur sa conserve :


¤ "Les hommes en blanc" ? Cette fille était en psychiatrie ? Alors ça désignerait quoi, en fait, le terme "choses étranges" ? Si c'est comme tout à l'heure, croire qu'elle vole parce qu'on la portait, ça passerait. Mais j'en doute, je ne sas pas pourquoi. La gamine m'a l'air totalement à l'ouest. Ce serait tout à fait le genre à avoir des délires psychotiques, ou un trouble de la personnalité... Et vues sous cet angle, les "choses étranges" renverraient davantage à des coups ou à un comportement menaçant... Plausible. ¤

Le secouriste ne craignait pas d'avoir à gérer une femme délirante sous son toit, surtout si cette femme paraissait aussi maigre et famélique que sa vis-à-vis. La seule précaution à prendre serait de garder à l'esprit que Jelena pouvait à tout moment devenir violente. Il n'échappa pas au chef de caserne que le Sector 9 entrait dans la zone d'efficacité de la bombe, ce qui expliquerait comment une aliénée se serait débrouillée pour s'évader. Suite au drame de Casinopolis, on avait mentionné la dégradation partielle de cellules capitonnées.
Un peu moins à l'aise pour bavarder gaiement avec une pensionnaire d'asile, Lawrence reporta son regard sur son interlocutrice, qui semblait tout à coup bien silencieuse. Croyant voir arriver une crise, il se tint prêt à bondir, mais assista au contraire à un spectacle lui serrant le cœur : la jeune brune pleurait. Mais pas de façon conventionnelle, en sanglotant ou en hurlant contre ceux qu'elle jugeait responsables de son état ; non, les larmes coulaient de ses yeux turquoises alors que son visage se fit masque rigide. En jouant avec un ravioli du bout de sa fourchette en plastique, le soldat du feu hésita à essayer de réconforter son invité, ne sachant pas trop ce qui convenait de lui dire. Après tout, il ignorait les raisons de son chagrin, et une tentative de consolation maladroite risquait de faire plus de mal que de bien.


¤ Peut-être que ce sont les souvenirs de ce qu'elle a fait à son réveil qui la hante. Elle se sent sans doute responsable d'un accident qui a eu lieu, du décès d'un proche, ou de la disparition d'un parent... ¤ Hasarda in petto l'homme en plissant les lèvres, mâchonnant songeusement la même bouchée plusieurs minutes.

Choisissant de faire comme si son incapacité à trouver quoi dire n'était qu'un silence respectueux de l'intimité de Jelena, le chef de caserne dut attendre la quasi-fin du repas pour voir la discussion reprendre. Comme après tous les blancs malvenus, les échanges reprirent laborieusement, démarrant par un timide et discret remerciement de la jeune femme. Plus à l'aise dans le rôle de l'hôte bienveillant, Lawrence rétorqua avec humour :


« Ouais, vous pouvez être impressionnée. J'ai dû cuisiner ça en quatrième vitesse pour que l'on ait à manger. » Fit-il en se comportant comme si la conserve avait été un plat très élaboré nécessitant normalement des heures de préparation. Apparemment plus en confiance, la jolie jeune femme voulut savoir si la résidence Warke n'abritait que le père de famille. Heureux d'entendre les échanges glisser sur un sujet plus léger, qui risquait moins de tirer les larmes à la demoiselle, l'intéressé expliqua, tout en récupérant les conserves vidées de leur contenu :

« Avant, j'habitais ici avec ma femme et mes deux filles. Elles, elles étaient hors de la ville lorsque la quarantaine a été déclarée. Il se passa la langue sur les lèvres, empilant les déchets avant de les compacter machinalement, pour s'occuper les mains. Et depuis, j'héberge tous ceux qui le désire, dans la limite du raisonnable. Les fréquentations varient énormément : certains soirs, on peut à peine se déplacer sans marcher sur quelqu'un ; et d'autres périodes, comme maintenant, c'est le calme plat. »

Prévoyant de jeter l'amas compressé de déchets lorsqu'il en aurait l'occasion, le pompier se leva, tisonnant les braises de sa cheminée via une baguette de ferraille trouvée parmi les décombres. En haussant les épaules, il conclut, un peu fataliste :

« En fait, je me comporte comme si j'avais le choix, mais il n'en ai rien. Je suis seul ; imaginons qu'une bande de types armés débarquent, et menacent de me tuer si je ne leur offre pas le gîte et le couvert. A part coopérer, je vois mal ce que je pourrais faire. Je ne suis pas un de ces pourris du Syndicat, qui se prélassent en haut de leurs tours d'ivoire, bien à l'abri derrière une armée de gardes du corps et de systèmes de défense automatisés. »

Esquissant une moue impuissante, le soldat du feu délaissa son tisonnier, rejoignant son invitée pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Choisissant ses mots avec soin, il s'enquit, pas vraiment sûr de vouloir entendre la réponse :

« Dites-moi, Jelena... Quand vous parliez de "choses étranges" à votre éveil... De quoi s'agissait-il ? »

Un frisson parcourut l'échine du trentenaire lorsque les mots franchirent ses lèvres. Une impression désagréable d'avoir soulevé un très gros lièvre. En son for intérieur, le père de famille s'efforça de ne pas envisager la possibilité que son interlocutrice soit une Porteuse. Parce que dans ce cas, il était un homme mort.
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Jelena Dostoïevskaïa


voyou


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MessageSujet: Re: « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence   « Sir, can you help me ? » — Pv Lawrence Icon_minitimeMar 24 Avr - 11:05

    [HJ: Et moi alors x'D]

    « Avant, j'habitais ici avec ma femme et mes deux filles. Elles, elles étaient hors de la ville lorsque la quarantaine a été déclarée. »

    La petite russe fut prise de plusieurs clignotements d'yeux, qui montraient une certaine attention de sa part. Elle se trouvait un peu démunie face à ce que venait de dire le pompier, car elle sentait qu'être loin de sa famille, bien qu'elle n'ait jamais pu comprendre réellement la signification de ce concept, était douloureux. Très douloureux. Jelena s'était arrêtée de manger et le fixait d'un air absent, comme si elle tentait de lire en lui. Sans doute avait-elle l'air d'une gamine en face d'un marchand de glaces à ce moment-là, ou elle avait l'air sotte tout simplement. Elle ravala sa salive, puis piqua une autre ravioli tout en écoutant la suite des péripéties de son sauveur. Le silence qu'elle faisait perdurer, offrant à l'homme un pseudo monologue - alors qu'en réalité ce n'était qu'une jolie tirade organisée - était comblé par le pot de raviolis qu'elle était en train de dévorer à une vitesse de plus en plus…impressionnante, comme si la faim venait de se réveiller. Les moustaches du rat au contact de sa peau fraîche la fit sourire malicieusement, comme si on venait de lui caresser un de ses membres affectueusement.

    Elle termina sa conserve et donna la dernière ravioli à l'animal qui, elle l'ignorait, avait déjà grignoté le trois quart des fourchettes qui s'étaient arrêtées entre le chemin de la boîte jusqu'à sa bouche. La question de Lawrence la fit lever le nez dans sa direction. Jelena déposa soigneusement la fourchette en plastique dans la boîte de conserve vide et se redressa, tentant de garder son dos le plus droit possible. Chose qui lui était difficile, la force lui manquant. Sa colonne vertébrale était courbée, ses frêles épaules avancées, qui lui donnait un air à la fois fragile et abattu par les événements. Osseuse était un terme qui pourrait qualifier son aspect physique. Et pas seulement. Mais ça, il allait bientôt le découvrir. Elle haussa les épaules, l'air songeuse. Le regard de la strip-teaseuse se perdit dans les flammes de la cheminée et, jusqu'au moment où elle sentit sa rétine faiblir, elle offrit ses yeux clairs encore aveuglés à l'homme.

    « Ben, ça. Elle tendit son bras vers l'avant, décrivant un angle de 90°c avec son buste. Un…deux…trois ! »

    Le bout de ses doigts s'ouvrirent, la chair rouge fut percée par des phalanges anormalement affûtées, qui furent projetées à une vitesse ahurissante vers la cheminée. Une de ses phalanges tapa contre la paroi et revint vers elle à vive allure, s'encastrant à droite de sa tête, dans le dossier du canapé…elle replaça son bras le long de son corps en grimaçant un peu. La douleur, forcément. La douleur. Elle suçota ses doigts instinctivement, les deux morceaux de chair de chaque doigts se rassemblèrent pour revenir à son état normal. Pendant ce temps, les os extraits étaient en train de se reconstituer progressivement, en secret. Elle retira son doigt de sa bouche et éclata de rire.

    « Je trouve ça drôle. Mais ça fait un peu mal quand même. »

    Elle ne s'était même pas inquiétée de cette phalange dangereuse qui avait faillit lui empaler l'œil droit. Non, au lieu de cela, elle se mettait à rire aux éclats, il était léger, peut-être même un peu idiot, qui sait ? La russe regarda de nouveau Lawrence et fut surprise de rencontrer une telle expression sur son visage. C'est alors que son sourire disparut petit à petit pour se laisser à l'inquiétude. Certes il ne pâlirait jamais de façon visible mais la jeune femme sentait bien que quelque chose clochait. Elle était suffisamment empathe pour le savoir.

    « Vous n'avez pas trouvé ça drôle ? », s'inquiéta t-elle.

    Baissant légèrement la tête, tel un chien battu, elle se sentit soudainement de trop. Comme si elle lui avait donné une réponse qu'il n'attendait pas. Une parole de travers et cette pauvre petite finirait par déraper. Ce qui n'était vraiment pas conseillé par la maison.

    « Je pensais que ça vous aurait fait rire. Non, elle n'était pourtant pas mal intentionnée. La folie qui la guettait était pourtant un véritable cataclysme pour son âme. Vous aviez l'air triste quand vous parliez de votre femme et de vos deux filles…c'est pour ça… »
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